Echos techniques d'Indianapolis

JP de Vincenzi, basketball,n°562, juin 91

Les finales universitaires ont eu lieu cette année devant 45000 spectateurs au " Housier Dome " à Indianapolis.

Durant trois jours les USA vivent au rythme du Final Four. La presse écrite, la radio, la TV passent au crible l'histoire et le présent de cette épreuve. On a droit à des documents extraordinaires. Cette année 250 millions de téléspectateurs auraient suivi cette 53e édition.

Le 30 mars, Kansas était opposé à North Carolina et UNLV à Duke. Le 1 er avril la finale se jouait entre Kansas et Duke.

L'année précédente, la finale avait opposé UNLV à Duke ce qui donnait à la deuxième demi-finale, un goût de revanche avec un préjugé favorable à UNLV, qui se présentait sur le parquet avec 34 victoires sur... 34 matches joués cette saison.

Quant à Duke, sa réputation de grande habituée des finales sans en avoir jamais gagné une, ne plaidait pas en sa faveur.

Les joueurs ayant marqué cette finale ont été :

Christian Laettner (Duke) et Mark Randall (Kansas), tous deux à 18 points et 10 rebonds. Laettner avait inscrit 28 points en demi-finale face à UNLV. Bobby Hurley (1 m 83) aux commandes de Duke,

participa lui aussi pour une grande part à la conquête de ce titre (2/4 à 3 points, 4/4 aux lancers francs, 9 passes décisives ... ). Il a vraiment joué un rôle stratégique lors de ce match et contre UNLV. Il a inscrit 24 points en 2 matches avec 16 passes décisives et très peu de pertes de balle.

La finale en cinq points

Attaque

Kansas :

- Problème de finition.

- Peu de lancers francs (4/8).

Duke :

- Attaque " travaillée ", on sentait la " patte " du coach.

- Shoots extérieurs (Mac Caffrey). -

- Jeu intérieur (Laettner).

-Lancers francs (20/27).

Défense

Kansas :

- Ce qui fut jusqu'ici la force de l'équipe n'apparut pas car Duke réussit en bon pourcentage d'adresse.

Duke :

- En contestation permanente, alternant avec défense de zone ; obligea Kansas à jouer loin du panier, réussit à imposer sa volonté.

Jeu de transition

Kansas :

- Rarement jeu rapide car bonne transition attaque / défense de Duke. Kansas s'est parfois fait surprendre dans sa transition ATT/DEF par la contre-attaque de Duke.

Duke :

- Contrôla le jeu rapide de Kansas par une défense 1/2 terrain haute, sacrifia parfois le rebond offensif pour plus d'efficacité dans le repli défensif face à la C.A. de Kansas et les obligea à jouer lentement.

REBOND

Kansas :

- Tenta souvent une chance supplémentaire au rebond offensif.

Duke :

- Lorsque Duke joua le rebond offensif, deux objectifs 1) deuxième chance de tir, 2) ralentir la sortie de reb. def. et la première passe, donc ralentir le jeu de Kansas.

Coaching

Kansas :

Roy Williams (ex assistant coach de Dean Smith).

Duke :

Mike Kryzewski (ex joueur et assistant de Bobby Knight)

Kansas : ne put disposer de solutions pour déployer un jeu rapide et obtenir des paniers faciles. De même en attaque placée, difficultés à trouver un " cinq " capable de résoudre les problèmes posés par la défense de Duke.

Duke : a su reconcentrer son équipe suite à la victoire sur NLV afin qu'elle ne prenne pas à la légère ce match après avoir gagné contre le " super favori ". Fit des changements dans le but de gérer la fatigue des joueurs sur le plancher.

Observations technico - tactiques générales

Plan offensif

La maîtrise des phases de transition attaque/défense par une mise en place rapide des défenses au détriment parfois du rebond offensif induit une diminution du nombre de contre-attaques.

La mise en place rapide de défenses 1/2 terrain dans l'axe médian posait des problèmes aux adeptes du jeu rapide. Cela contribuait à de nombreuses pertes de balles sur des tentatives de contre-attaques. Le peu de réussite dans ce domaine se concrétisa :

. sur passes longues surprenant la mise en place de la défense (repli trop lent, mauvaise transition attaque - défense).

. sur mauvaise coordination défensive permet tant au meneur par pénétration, d'aller jusqu'au panier adverse.

En attaque placée, on utilise souvent deux postes moyens, voire un poste haut et un poste moyen. Les postes hauts deviennent relayeurs, peut-être du fait qu'il y avait peu ou pas de vrais n° 5.

Les formes d'attaque étaient similaires à des " flex offense " avec beaucoup de mobilité des non-porteurs dans le un contre un et la valorisation du jeu intérieur.

Peu de révélations en ce qui concerne l'attaque de la zone.

Enfin, importance des lancers francs : quantité à tirer et réussite (voir finale Duke / Kansas).

Plan défensif

Excellente transition attaque - défense après les tirs pour freiner la contre-attaque (surtout Duke) avec des zone-press sur demi terrain. Peu de pressing tout terrain sauf en fin de matches. Beaucoup de changements (alternances) défensifs (individuelle, zones 3/2, 1/3/1, 2/3, 1/2/2)

Le recours à des " match-up " zone ou individuelle avec prise à deux sur le porteur de balle étaient suivies d'excellents mouvements de rotation de la part des trois autres défenseurs.

Au niveau du coaching, on fut surpris par la quantité de changements de joueurs réalisés par Roy Williams. Une certaine partie de la presse américaine releva aussi la chose. Mais, aux USA, le coach universitaire a vraiment... les coudées franches et la critique s'estompa vite ! ...

Kryzewski coacha de façon plus compréhensible, respectant une logique relative à la gestion de son groupe, cherchant à sauvegarder la fraîcheur de ses troupes sur le terrain.