D'après " Les athlètes à problèmes "

OGILVIE (B), TUTKO (T),
Basketball, n°559, mars 91 et n°560, Avril 91

Ce document résume en quelques tableaux le résultat des travaux de deux psychologues américains qui ont aidé les entraîneurs dans leur tâche en leur permettant d'améliorer leur "savoir faire psychologique".

Face aux problèmes que rencontre l'entraîneur dans son étroite relation avec ses sportifs, l'étude et la connaissance des particularités de la personnalité de l'athlète doivent permettre d'évoluer vers une relation "entraineur-entraînés" plus mature.

La dynamique d'équipe en basket-ball se doit de respecter la spécificité de chaque joueur sans nu 1 re à l'unité et donc au rendement du groupe : les mécanismes sociaux internes et la satisfaction individuelle des besoins rendent souvent la tâche bien difficile à l'entraîneur dont le souci majeur est l'utilisation optimale du potentiel physique et technico-tactique de l'équipe.

La réalité de la conduite d'une équipe impose à l'entraîneur d'être capable d'adapter ses comportements en fonction de la subtilité des messages émis par les athlètes, en particulier avec ceux qui répondent aux caractéristiques dépeintes ci-après.

La description de ces "profils-types" doit d'abord conduire l'entraîneur à une introspection personnelle sur sa façon d'envisager la relation "entraîneur-entraînés". Elle doit ensuite l'inciter à une grande prudence et une extrême minutie dans la manière d'identifier les différents critères.

L'époque de l'entraîneur-technicien est révolue... C'est l'entraîneur aux multiples facettes, aux différents visages, aux discours conséquents et sélectionnés...

I. L'athlète renfermé

I.1 Athlète renfermé de par ses valeurs :

* Les signes marquants : -

- Modeste, timide, très en retrait par rapport à sa performance.

- Effacé dans la vie alors que très combatif sur le terrain.

- Difficulté à nouer des liens entraîneur/athlète.

- Sens élevé des valeurs morales.

* Les causes :

- Les parents sont un exemple pour leur enfant : respect d'autrui,

- humilité, modestie et calme sont des vertus.

* Le traitement :

Faut-il vraiment les traiter puisqu'il ne pose aucun problème de coopération ?

- le rendre plus sociable en lui faisant accepter des responsabilités.

- déclencher de franches discussions.

I.2 L'athlète renfermé par méfiance :

* Les signes marquants :

- Personne ne le connait vraiment.

- Méfiant, taciturne, ne compte que sur lui-même.

- Intelligent, très perceptif, semble effrayé.

- Craint d'être exploité, refuse aide et communication.

* Les causes :

- C'est la crainte d'être découvert, de se sentir incapable, inutile.

- La mère exerce son pouvoir sur la famille ; le père est faible et inefficace, ce qui lui confère un sentiment d'infériorité.

- De plus, manipulé par ses parents, il est pris d'un sentiment d'abandon.

* Le traitement :

- Ne jamais tromper ou induire en erreur ce genre d'athlète.

- Dire ce qu'il pense, penser ce qu'il dit

- Son besoin d'être reconnu nécessite de lui donner confiance à travers des entretiens très terre à terre.

II. L'athlète réfractaire à l'entraînement

II.1 Les signes marquants :

- L'athlète a tendance à éviter tout contact avec l'entraîneur

- L'athlète a tendance à l'argumentation stérile.

- L'athlète s'appuie sur d'autres références pour contrer les arguments de son entraîneur.

- L'athlète cherche du soutien auprès d'anciens entraîneurs.

- L'athlète essaie de prendre son entraîneur en défaut.

- L'athlète ne respecte ni les horaires, ni le matériel.

- L'athlète s'oppose au programme d'entraînement.

- L'entraîneur constate qu'il doit souvent répéter ses instructions.

II.2 Les causes :

- Incapacité à respecter les formes d'autorité.

- Besoin excessif d'indépendance.

- Besoin de contestation.

- Incapacité à s'organiser.

II.3 Le traitement :

- Illustrez bien par vos actes ce que vous enseignez.

- Soyez spécialement minutieux dans la préparation des séances.

- Elargissez vos connaissances de l'activité.

- N'improvisez pas si vous êtes défié par l'athlète (dites que vous allez vous informer).

- Ne faites pas de promesses sans une très grande probabilité de les tenir.

- Soyez ponctuel.

- Soyez conscient que c'est en vous regardant que l'athlète décidera ou pas de changer.

III. L'athlète égocentrique

Les signes marquants :

- Cherche à s'entraîner à des périodes différentes.

- Fait la sourde oreille quand il y va de l'intérêt de l'équipe.

- Exige une considération spéciale.

- Fait preuve d'une jalousie irraisonnée

- Rejette les normes imposées par l'entraîneur.

- Essaie de prendre l'avantage sur ses coéquipiers.

- Éprouve des difficultés à nouer des liens sentimentaux profonds.

- Impulsif et faible conscience morale.

- Évite de tirer parti d'expériences passées.

III.1 Le dur :

* Les causes :

- A remporté l'épreuve de force qui l'opposait à son père.

- Peu ou pas de respect pour les autres.

- Sentiment de puissance.

* Le traitement :

- Son comportement repose sur la crainte: il faut l'aider à affronter la réalité.

- Il faut être tolérant et sans hostilité.

- Il faut démontrer et maintenir voire supériorité.

- Il faut l'identifier et intervenir au plus tôt.

III.2 Le tendre :

* Les causes :

- Rejet reposant sur la crainte de l'image paternelle.

- Rejet de toute autorité, il cherchera surtout à vous manipuler.

* Le traitement :

- Soyez un modèle pour lui, organisé et prévoyant.

- Pas de confrontation directe.

- Essayez, avec modération, de le mettre au courant de ses limites.

- Ne pas lui confier de responsabilités qu'il ne pourra pas tenir.

- Soyez attentif à ce qu'il n'utilise pas son charme pour vous manipuler.

- Prudence, quand vous le contrez dans ses explications : "oui, je comprends bien... "

IV. L'athlète à tendance dépressive

Les signes marquants :

Dépression due à la défaite: repli total

- l'athlète cherche à démontrer qu'il est un perdant

- l'athlète se fixe des objectifs exagérés pour être sur de l'échec

- au lieu de retourner sa colère contre l'origine, il la dirige contre lui.

IV.1 L'Apathique

- affaiblissement général

- sommeil prolongé et fréquent

- peu d'intérêt

- désir de tout plaquer

IV.2 L'Agité

- plus rien ne le satisfait

- critique envers lui-même

- ne peut se tenir tranquille

- crée un cercle autodestructeur

* Les causes

- pour les parents, c'est un bon à rien d'où punition

- l'athlète a subi le chantage affectif de sa mère qui se transforme en martyr et l'influence d'un père moraliste.

* Le traitement :

- Il faut s'intéresser à la cause de la dépression : extérieure ou due à la compétition

- Il faut augmenter le degré de confiance en jouant sur ses points forts

- il faut l'encourager à exprimer son agressivité vers J'extérieur

- il faut utiliser la technique de la, réprimande: aide et soutien punition

Pour l'apathique : besoin d'être encouragé à agir

Pour l'agité : besoin d'être calmé, de diminuer sa pratique


V. La phobie du succès

Les signes marquants :

- Obsession de la victoire Crainte de perdre

- l'athlète se sert du succès. ou plutôt de l'échec d'une manière Inhabituelle : c'est la crainte consciente ou Inconsciente de réussir.

- l'athlète trouve une excuse pour ne pas gagner : soit Il trouve que l'adversaire est plus fort, soit que la performance est trop élevée, soit qu'il est effrayé par sa propre performance.

- l'athlète refuse les responsabilités du succès: responsabilité envers les autres car Il devra continuer la compétition, responsabilité envers lui-même car Il s'expose au blâme, car ses besoins de dépendance sont menacés, son besoin d'être aimé est ignoré.

V.1 Les causes :

- l'athlète a été contraint à s'aligner en compétition dès son plus jeune âge :

" la compétition c'est bien, s'y dérober, c'est mal ! ".

- la récompense du succès s'obtenait au détriment du fait d'être aimé et accepté.

- l'athlète s'est rendu compte qu'il obtenait un surcroît d'attention lorsqu'il perdait.

- l'athlète exerce une sorte de vengeance contre ceux qui s'attribuent ses succès.

V.2 Le traitement

- l'entraîneur doit représenter le père qu'il aurait aimé avoir,

- Il faut respecter sa singularité, son opinion, ses capacités,

- Il faut accepter le refus de concourir (dans un premier temps),

- Il faut lui faire comprendre que c'est sa victoire, son équipe et que vous ne cherchez pas à vous l'approprier,

- Il faut lui monter qu'on est plus récompenser en gagnant qu'en perdant.

VI. L'athlète hyper anxieux

Les signes marquants :

Arrive trop tôt à un niveau élevé de tension

- Mouvements saccadés, spasmodiques, augmentation de l'activité pilomotris

- Muscles de la mâchoire contractés, tension dans le cou et les épaules

- Attention réduite : retour à d'anciennes techniques

- Cherche l'isolement, ne jouit pas de la victoire, rarement exalté

- Réactions exagérées envers ses coéquipiers

- Tendance à dire qu'il va bientôt s'arrêter

- Désir de voir la saison s'achever

- Suggère d'être remplacé, craintif par rapport à sa prestation

- Inquiet par rapport à ses entraînements précédents

- Cherche à puiser chez vous. des Impressions positives mais sans, croire au succès, considère l'entraîneur comme un juge.

VI.1 Les causes :

- l'athlète a été soumis à un souci exagéré des parents

- l'athlète a reçu trop de sollicitude

- l'athlète s'est vu interdire la. crainte, d'où le droit de se tromper et de prendre des risques,.

- c'est la nature de la menace qui déclenche la crainte

VI.2 Le traitement :

- Maniez la critique avec prudence, éduquez en corrigeant

- Votre humeur joue beaucoup sur lui, récompensez-le

- Reprenez votre sang froid avant d'aller le voir

- Laissez-lui le temps d'exprimer ses sentiments

- Partez subtilement de la crainte et de sa valeur

- Minimisez son Importance dans le résultat, Il n'est pas un cas Isolé

- Soulagez sa tension en lui soustrayant des préoccupations Inutiles

- Sensibilisez-le aux aspects positifs du stress

- concentration du champ de perception

- engagement émotionnel

- agressivité normal

- saine assurance

VII. L'athlète à blessure

Motivations :

C'est le désir d'être blessé ainsi, Il n'y a pas de résultat à produire et on évite la crainte de l'adversaire. On obtient, en supplément, la sympathie des proches et on passe même pour un, héros si l'on joue malgré la blessure

VII.1 Le traitement :

Il faut donner confiance à l'athlète, lui dire qu'il est capable de gagner, l'encourager à travailler ses points faibles, le complimenter s'il s'améliore, lui donner un message de confiance avant une défaite prévisible .

VII.2 La blessure psychologique :

* douleur sans blessure apparente l'anxiété est convertie en handicap physique (hystérie de conversion) l'athlète est souvent une personne dépendante, infantile qui a besoin d'estime et d'affection ; rejeté par les parents qui ne délivraient amour et approbation que sous conditions.

Traitement :

L'athlète ne doit pas obtenir un bénéfice secondaire de sa blessure Il faut lui faire comprendre que c'est lui le perdant, pas les autres Il faut considérer comme un adulte, lui confier d'autres tâches Il faut l'approuver victoire ou défaite

* la simulation Intentionnelle Objectifs :

ne pas s'entraîner, se venger de l'entraîneur, ne pas risquer de se blesser besoin d'être considéré crainte d'exposer ses lacunes

Causes : "le mensonge"

Les parents récompensent et utilisent le mensonge et se moquent de leurs responsabilités

Traitement :

Eviter de réagir aux subterfuges Le simulateur qui ment pour manipuler les autres doit être traiter comme " l'athlète égocentrique "

Le simulateur par crainte doit savoir que la vérité vaut mieux que le mensonge.

VII.3 La blessure de bonne foi

Signes :

engagement physique sans limite qui provoque la blessure " champion du monde à l'entraînement "

Causes :

Hostilité contre lui-même (tendance suicidaire) remise en cause perpétuelle hostilité envers l'autre Ce sentiment de rejet est dû à des parents très exigeants, autoritaires qui ne donnent que peu d'affection

Traitement : Il faut le considérer, l'estimer pas seulement pour sa prestation Il faut le protéger contre lui-même.