Aider et reprendre ? … non merci |
E. Messina, Basketball, n°582, Juin 93 Traduction : J. Delachet - extrait de "Clinic" |
Le titre de cet article volontairement un peu provocateur, il veut synthétiser une exception défensive d'actualité depuis l'introduction de la règle de tir "à 3 points,
Avec les progrès de la plupart des joueurs en 1 c 1 et au tir de loin, le vieux concept défensif " d'aider et reprendre" (dessin 1) est devenu moins efficace, car le joueur sans ballon se tenant à la ligne des 6,25 mètres écarte le jeu, obligeant la défense à des déplacements plus importants pour "reprendre" (dessin 2).
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Ainsi plusieurs entraîneurs ont commencé à travailler sur la permutation défensive qui comprend le changement d'attaquant entre au moins trois défenseurs, ce qui a pour effet d'obliger l'attaque à une passe de plus pour avoir une bonne position de tir. Personnellement j'ai appris quelques unes de ces permutations auprès de Bob HILL ex-entraîneur de Virtus Knorr et de l'Indiana Pacers. Par la suite j'ai tenté de les adapter aux possibilités physiques et techniques de mes joueurs.
Les principes de base à respecter sont dans l'ordre:
1) Le meilleur exercice défensif est le 1 c 1, sans ballon et avec ballon, du fait que moins on sera dominé par l'attaquant, moins on devra recourir à l'aide et à la permutation. De plus, les équipes faibles qui doivent utiliser l'aide et la permutation sont celles qui ont le plus de problème avec les écrans de retard et avec le rebond défensif.
2) La rotation défensive (ou l'aide) sera d'autant plus efficace que le mouvement d'attaque sera agressif vers le ballon; les jambes doivent être fléchies, il faut se déplacer avec des pas courts et rapides, les yeux doivent se concentrer sur le ballon pour pouvoir gêner la passe éventuelle et le corps perpendiculaire à la trajectoire du joueur qui pénètre. Une aide défensive ensuite, très proche de la trappe.
3) Tactiquement l'objectif des défenseurs est de transformer une situation d'infériorité en 1 c 1, en une situation de supériorité numérique, laissant libre pour un moment le joueur attaquant le plus éloigné du ballon. Ceci oblige l'attaque à faire au moins 2 ou 3 passes suivies pour déjouer la rotation défensive.
Contrairement à la situation classique de 2 c 2 où on peut réussir un tir après fixer - passer à un joueur libre; en cas de rotation défensive de 3 ou 4 joueurs, les attaquants doivent prouver leur capacité de passes (donc de vision de jeu) s'ils veulent tirer dans une bonne position.
Dans le dessin 3, on a la plus classique des rotations défensives sur pénétration en ligne de fond. Les défenseurs côté faible permutent côté ballon, regardant les yeux du possesseur de balle, ils doivent pendant leur déplacements dans la raquette, deviner si le joueur (1) ou (2) sera celui que l'on laisse libre pour un moment. Il faut noter que le défenseur de 5 devra essayer d'arrêter (3) avant son entrée dans la raquette et que dès l'arrêt du dribble par l'attaquant près de la ligne de fond, il y a automatiquement trappe avec les défenseurs de 3 et 5 (dessin 4).
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Dans le dessin 5 on peut voir le mouvement sur pénétration centrale. Le défenseur de 2 va vers (3), tandis que le défenseur de 1 permute vers (2), couvrant ainsi un moins grand espace que le défenseur de (2) aurait eu à couvrir en cas "d'aider et reprendre" classique. Après la pénétration, il est probable que (2) parte à droite le long de la ligne des 3 pts. Le défenseur de (3) quand ce dernier fait la passe, va vers (1) courant en diagonale jusqu'à la ligne du fond où vraisemblablement ira l'attaquant. |
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Le déplacement des trois défenseurs laissera à (1) un avantage sur le défenseur de (3) mais un avantage profitable que si la balle circule vite, et ce ne sera pas toujours possible avec ce marquage. Si on suppose que les joueurs à la périphérie sont 4, la rotation défensive implique autant d'autres défenseurs, diminuant ainsi l'espace à couvrir et demandant aux attaquants un plus grand nombre de passes pour trouver une position de tir (dessin 6). |
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Dans le dessin 7 on a une rotation défensive contre un jeu en "L". Si (5), après aide de son défenseur sur le dribble de (1), va au panier pour recevoir une passe, dans certains cas on peut envoyer le défenseur de (4) sur (5) et le défenseur de 5 reprendre (4), avec le défenseur de 3 qui pour un instant, doit couvrir l'espace pour empêcher des pénétrations au panier de (4). Il est très important que le défenseur de (4) aille sur (5) seulement quand (1) a sauté au ballon de manière à obliger (5) à jouer très vite devant un défenseur qui monte sur lui. |
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Pour dominer la rotation dans cette situation, les attaquants doivent avoir une très bonne vision de jeu et des bons fondamentaux. Pour finir, bien que l'on puisse donner beaucoup d'autres exemples, une situation de changement plus qu'une rotation pour défendre en " écran sur bloqueur ".
Dans le dessin 8 après écran de 3 à 5, 3 bénéficie d'un écran de 4. A ce moment, le défenseur de (2) laisse son joueur un instant et prend (3), tandis que le défenseur de (3) va au plus court vers (2). |
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Pour finir, deux considérations :
Il est vrai que pour pouvoir réaliser ces tactique défensives, il faut avoir des joueurs au point techniquement et bien préparés athlétiquement, mais il faut surtout " concentration et attention ".
Dans beaucoup de cas, travailler ces tactiques sont beaucoup pour améliorer la vision du jeu, la capacité de passer la balle, et en général la connaissance du jeu des attaquants.
Finalement n'oublions jamais que l'attaque a toujours l'initiative et aura toujours le dernier mot.