VOUS AVEZ DIT DEMARQUAGE SIMPLE

B.Grosgeorge, Basketball n°608,mars 96

Pendant de nombreuses années, pour améliorer le jeu en attaque placée, les réponses apportées par les entraîneurs, ont été surtout données par la reproduction de systèmes de jeu pratiqués par des équipes évoluant au plus haut niveau. Aujourd'hui chacun sait que les solutions ne viennent que rarement des systèmes mais essentiellement de la façon dont les joueurs s'en servent. Les entraîneurs de jeunes subissent eux aussi les mêmes tentations, ils ont souvent de trop fortes exigences sur le plan collectif alors que certains pré-requis au niveau individuel ne sont pas encore assimilés. Un travail important au niveau de la lecture de la défense dans la réalisation des démarquages simples constitue en fait un préalable qui permet d'améliorer rapidement le jeu placé. Ce thème et son contenu, constituent une(nouvelle) déclinaison de ce que nous entendons par "I'Essentiel" dans la formation du joueur.

Nous aborderons ici exclusivement les démarquages des joueurs extérieurs en mentionnant le fait que par certains aspects, ils préparent à l'apprentissage de ceux des intérieurs. Pour les premiers nommés, nous aurons différents démarquages simples selon les secteurs de terrain dans lesquels l'attaquant cherche à recevoir la balle :

- pour jouer à l'intérieur de la défense, ce seront les back door

- pour jouer à l'extérieur de la défense

I. Le "couper" ou débordement par "back door"

(c'est selon nous un démarquage totalement différent des autres).

 


 

Dans ce type d'action, plusieurs conditions doivent être présentes ou recherchées par les attaquants :

1. le secteur de réception de passe doit être libre de défenseur, il est nécessaire qu'il n'y ait pas de poste bas côté balle.

2. le défenseur doit être fixé (attiré) loin du panier en forte pression défensive (excessive) dans le premier mouvement de l'attaquant qui s'écarte du panier

Ceci arrive souvent de la part de défenseurs courageux qui restent constamment en forte pression sur leurs vis à vis (consigne de l'entraîneur, mai comprise).

3. le défenseur direct fait preuve d'inattention ou distribue de façon excessive son attention sur la balle au détriment de son adversaire (perte du contrôle visuel de l'attaquant par le défenseur).

4. une connivence ou un contact visuel chargé de sens entre le passeur et le réceptionneur.

 


 

 

 

 

 

Ce démarquage est particulièrement efficace lorsqu'il est réalisé au moment ou la balle circule entre deux autre joueurs

- et que simultanément, le défenseur direct de l'attaquant maintient une forte pression sur son vis à vis (celui qui cherche à se démarquer).

- pendant l'échange, le défenseur risque de focaliser son attention sur le mouvement de la balle (Chez les jeunes, cette situation est fréquente. Ce sera le moment opportun, pour l'attaquant, d'anticiper en débordant son vis à vis avant que la balle soit contrôlée par le poste haut.

Dans la réalisation ensuite il faut :

1. un changement brutal de direction et il sera (à la différence des autres démarquages) sur une sorte de rail.

2. un secteur de réception privilégié au bord de la zone réservée (ou près du cercle sur "Alley oop").

3. dans la majorité des cas, une passe à terre.

4. un timing de réalisation, notamment par le fait que le réceptionneur se démarque au moment ou la passe est possible.

 

 

Si un tel mouvement ne s'avère pas décisif, l'attaquant peut aussi se servir de la pression défensive lorsqu'il est en position de poste bas et chercher un court instant à lutter pour prendre une position préférentielle ...

Si aucune solution n'apparaît, alors l'attaquant doit continuer son mouvement par un V et choisir pour ressortir, une des trois options possibles :

1. dans le coin de terrain côté fort en inversant son déplacement par rapport au défenseur (figure 3)

2. ou changer de poste avec le meneur de j'eu en le "poussant dans l'aile" (figure 4). Dans ce mouvement l'attaquant "aspire" le défenseur en exploitant la pression de ce dernier et facilite ainsi le 1 contre 1 du meneur, ou la pose d'un écran vertical d'un poste haut en sa faveur.

 


 

3. ou ressortir côté faible.

Ces 3 cas de figures, représentent pour l'attaquant, des enchaînements d'actions possibles (porter ou recevoir des écrans ... )

(les jeunes éprouvent beaucoup de difficultés à jouer avec de la continuité dans leurs actions de jeu).

Dans le cas du "Alley-hoop", nous noterons deux différences majeures:

1. contrairement au back door classique, la passe précède le débordement réalisé par le receveur (anticipation du passeur)

2. cette combinaison se travaille surtout avec un ou deux joueurs, elle n'arrive pas par hasard et les conditions de sa réalisation sont préparées par les partenaires, attendues par les deux joueurs et déclenchées après un contact visuel.

II. Autres formes de démarquages simples à l'extérieur

II.1. Ils seront totalement différents de ce que nous venons de décrire précédemment et ils se construisent sur:

- un déplacement global en V (absent chez les jeunes qui tentent de se démarquer avec des mouvements répétés en "essuie glace"

- le changement de rythme,

- la réduction de distance avec l'adversaire dans la zone réservée (ou dans l'un des espaces clés décrit par G. Bosc dans "comprendre le jeu"),

- une lecture de la position relative des appuis du défenseur par rapport à soi,

- des actions de pivoter qui visent à neutraliser le défenseur avant de chercher à recevoir la balle.

II.2. Le changement de rythme comme élément incontournable de la chronologie du démarquage

A - Lentement

- l'attaquant rentre au moins un appui dans la zone réservée (ou cherche à amener son vis à vis dans un espace clé) dans le but de réduire la distance le séparant du défenseur. Pour cela, il ira jusqu'au contact physique avec le défenseur,

- marque l'arrêt en double appuis (simultanés)

- lit la position relative des appuis du défenseur par rapport à lui (fig 5a).

B - Rapidement, manœuvrer par "pivotés" dans le but de faire barrage au déplacement du défenseur

- si le défenseur s'est stoppé en ayant trop peu reculé, l'attaquant alors engage l'appui le plus éloigné de la ligne de fond derrière l'appui le plus bas du défenseur et réalise un "back door de position".

- si consécutivement à l'arrêt de l'attaquant, le défenseur est encore embarqué dans son recul défensif, alors l'attaquant engage l'appui le plus proche de la ligne de fond devant le défenseur (pivoter sur le pied le plus haut - figures 5b).

- Si le défenseur réussit à garder une certaine distance avec l'attaquant et s'il se stoppe rapidement alors l'engagement (cas b), sera impossible. Un attaquant cherchera à poser le pied le plus éloigné de la ligne de fond entre les appuis de son adversaire pour ensuite enrouler le défenseur en pivotant vers l'arrière (figures 6).

- si la tentative de back door de position (cas a) est rendue infructueuse par le recul du défenseur (principe d'action réaction), l'attaquant tentera alors de revenir sur son autre appui pour enrouler son défenseur (comme décrit ci-dessus).

C. Tenir la position

- appuis larges et jambes fléchies 3 un bras en bouclier

Cette phase est capitale, car elle donne l'information au passeur sur la faisabilité de la passe, malheureusement, elle est très souvent absente chez les jeunes. En effet chez eux, le démarquage est conçu comme une action individuelle de non porteur, le passeur devant être capable de passer la balle lorsque son partenaire est libre. L'absence de la phase de prise de position, interdit toute possibilité d'ajustement du timing de la sortie du non porteur au moment ou la passe est possible.

D. Appel rapide de balle à l'opposé du défenseur

Compte tenu de la position avantageuse de l'attaquant, l'appel de balle se fera seulement au moment ou le porteur aura ouvert le couloir de passe. Le démarquage simple doit en fait être considéré une combinaison élémentaire de passe entre le porteur et le réceptionneur.

E. Réception de la balle en double appuis avec arrêt simultané afin de garder toute liberté de choix de pied de pivot, replacement par engagé ou 1 contre 1 après un pivoté par "effacé" en fonction de la position des appuis du défenseur.

III. Conclusion

Abordés sous cet angle, les démarquages simples contiennent des éléments clés de lecture du jeu, fondés sur la prise d'indices pertinents au niveau des couples attaquants défenseurs, ils débouchent naturellement sur:

- le démarquage des intérieurs,

- les enchaînements offensifs à deux ou trois joueurs.

Tant que cette maîtrise de lecture n'est pas prise en compte et que la réalisation technique reste peu satisfaisante, il est illusoire de vouloir construire l'attaque sur des bases plus sophistiquées.

Compléments par rapport au texte initial du n°608

Quelques éléments nouveaux sont à prendre en considération si l'on observe comment se réalisent les démarquages au plus haut niveau de la compétition ; Il est possible de repérer des mouvements un peu différents de ce qui est décrit ci-dessus.

C'est la pression défensive qui impose de s'y prendre autrement.
Pour reprendre le point de vue de Maljkovic sur la question nous retiendrons qu'il préconise de s'en ternir à la formule simple : Sprint- stop - sprint.

Et pour compléter ces remarques laconiques nous dirons, pour paraphraser A.jardel, "qu'il faut aller sous le cercle" pour poser davantage de problèmes au défenseur.

L'intensité du déplacement (et de l'arrêt) ainsi que l'amplitude de la course son révélateur d'un rapport de force défensif plus exigeant pour l'attaquant qui veut se démarquer.