CONTINUITE ET TRANSFORMATION
DANS LE JEU OFFENSIF

B.Grosgeorge

Basketball n°629, avril 1998

Depuis le n°623, nous vous avons présenté quelques formes de jeu offensives utilisées par nos équipes nationales. A l’examen de ces différents articles, il ressort que les catégories jeunes (cadets, cadettes et juniors féminines) utilisent davantage les démarquages par l’utilisation des espaces libres et de façon moindre les écrans ; peut être que cela tient aux choix des entraîneurs ou aux caractéristiques des équipes mais peut être aussi que cela est en relation avec les moindres contraintes imposées aux attaquants par les défenses.

En effet, chez les joueurs plus âgés, les écrans répétés permettent de faire durer les attaques pour ne trouver le tir que lorsque celui-ci est vraiment " ouvert " et, en accord avec ce que l’on attend de ce tireur potentiel au sein de l’équipe.

Concernant les formes de jeu, au-delà de l’expression du rapport de force, il y a bien un effet de mode puisque la plupart des équipes ont des mouvements offensifs très semblables.).Néanmoins, aujourd’hui, au-delà de ce mimétisme il est possible d’affirmer qu’il existe un modèle du jeu d’attaque européen, largement influencé par le basket yougoslave. Avant de caractériser les grandes tendances du jeu offensif actuel, nous ferons un rapide retour dans le passé

I. Rappel du " shuffle cut " de l’UCLA (figures 1 et 2) et de " l’écran pour le porteur d’écran " proposé par H.Brown (figure 3)

 

 

 

Attention, "  écran pour le porteur d’écran " pratiqué de temps à autres aujourd'hui par toutes les équipes n’est pas si récent que cela. Cette combinaison a été exposée pour la première fois par H.Brown en 1979 aux CE de Turin (figure 3) et les écrans répétés étaient déjà utilisés dans les années 80 par les entraîneurs italiens de l’époque ( Peterson entraîneur américain qui évoluait en Italie avait beaucoup de mouvements de ce type).

II. Les tendances actuelles du jeu offensif

II.1 la stratégie comme élément fort du coaching

- actuellement, le poids du coaching détermine fortement les rythmes de jeu et il y a aujourd’hui une certaine mode à exploiter au mieux la conservation de la balle

- le jeu se veut au service des points forts des joueurs en relation avec leurs missions essentielles

- les formes offensives sont choisies en fonction des qualités des joueurs

 

II.2 Un engagement athlétique accru avec :

- une plus grande amplitude dans les déplacements sans la balle

- des rythmes très contrastés dans les actions avec ou sans la balle

- une intensification des actions de jeu qui se caractérise par :

- une augmentation de la fréquence des actions explosives

- une diminution des durées des contre efforts

II.3 La continuité du jeu et les transitions [Jeu à 2 <----> jeu à 3]

C’est une banalité que de rappeler qu’il y a la plupart du temps un jeu à 2 (ou jeu à trois) d’un côté (du terrain) et simultanément jeu à 3  (ou à jeu 2) de l’autre côté ; chacune de ces actions partielles de jeu ayant pour but de fixer une partie de la défense et de l’affaiblir collectivement, de sorte que, 1 ou 2 attaquants bénéficie(nt) d’un quart de terrain pour trouver une solution ultime d’attaque contre une défense affaiblie (sans aide) ou en retard sur l’homme. Aujourd’hui, l’évolution se caractérise par une plus grande capacité à multiplier ces points de fixation pour faire " rebondir le jeu " d’un endroit à l’autre du terrain et créer des ouvertures pour le 1 contre 1 (actuellement les défenses flottent moins à l’opposé de la balle pour ne pas trop subir les tirs à trois points).

Que font les attaquants ?

- côté fort

- poser suffisamment de problèmes à la défense et exploiter les anticipations défensives côté fort

- ou /et être capable de faire rebondir le jeu de l’autre côté

- côté faible

- jouer à l’opposé pour faciliter la poursuite d’une action partielle de jeu engagée côté fort

(amplifier le déséquilibre engagé côté fort)
- et être disponible pour exploiter les rebonds du jeu suite à un transfert d’attaque de l’autre côté

IV. Quelques règles qui animent ces mouvements offensifs

Celles ci ne sont pas à vrai dire nouvelles, mais leur permanence et leur association (ou combinaison) permet de donner plusieurs solutions à l’attaque sans qu’il y ait rupture du jeu.

 

1. Les enchaînements d’actions de la part du " porteur d’écran" qui s’ouvre à la balle après sa pose d’écran (figure 4)

 

 

- Même chose pour le passeur qui coupe et porte ensuite un écran (figure 5)

2. La pose d’écrans simultanés (figure 6)

3. L’utilisation d’écrans répétés par les 2 intérieurs pour libérer un tireur (figure 7)

 

 

 

 

4. La recherche d’écrans entre joueur intérieurs et extérieurs pour rendre plus délicats les changements de joueurs (figure 8)

5. des écrans posés pour le porteur d’écran - exemples figures 9, 10 et 11

 

 

 

 

 

 

6. Des " come back " (pour exploiter les anticipations défensives ) - figure 12

 

7. Des écrans en cascade combinés avec écran pour le porteur d ’écran (fig.13 et 14)

 

 

 

8. L’articulation d’écrans entre non porteurs d’un côté avec un " pick and roll " à l’opposé (figures 15 et 16)

 

 

Les réceptionneurs logiques (situés à une passe de la balle) sont très souvent amenés à poser des écrans ; que ce soit pour faciliter le transfert d'attaque par dribble, ou pour faciliter la réception de passe à un troisième joueur venant de l'opposé. Agir pour améliorer l'action de jeu d'un partenaire, alors que l'on pourrait peut être recevoir la balle, n'est pas facile à apprendre aux jeunes joueurs.

V. Variantes sur mêmes mouvements et ou adaptations à la défense

Et si la principale force était dans l’utilisation adéquate de ces combinaisons en fonction des adaptations défensives ?

1er exemple : figures 17 et 18

 

 

2ème exemple : figures 19 et 20

 

 

 

Ces combinaisons sont souvent présentées de façon simplifiées (jeu à 2 ou à 3) alors qu’en fait elles tirent leur force :

- de la façon dont elles se complètent l’une l’autre

- des qualités techniques des joueurs

- de l’amplitude utilisée dans les mouvements

- et de leurs parfaites synchronisations entre elles pour assurer la continuité du jeu

Un problème de choix, compte tenu de ses joueurs, est posé à l’entraîneur, ainsi qu’un problème de correction relatif à la coordination entre les joueurs (timing) et une patience dans le jeu sans ballon, sont des points sur lesquels les entraîneurs doivent être d'une grande exigence.