WOODEN A LA LOUPE

B.GROSGEORGE

basketball n°584

oct.1993

Dans les années 70 de nombreux psychopédagogues se sont particulièrement intéressés à l'analyse de l'enseignement : DE LANDSHEERE (1969), BAYER (1972) , PIERRON plus récemment. Ces travaux ont largement été repris aux Etats Unis par SMITH (1979), SIEDENTOP (1981), et au Canada par BRUNELLE (1978)

Parmi ces travaux nombreux sont ceux qui ont porté sur l'analyse de comportements d’entraîneurs de sports collectifs (football américain. hockey sur glace, basket-ball ...)

L’une de ces études concerne notamment l’analyse des comportements verbaux du célèbre entraîneur J.W00DEN (qui a fait de nombreux émules avec sa zone press 2-2-1 et la grande rigueur de ses entraînements. Même lorsque ses joueurs ne présentaient pas des qualités exceptionnelles il a toujours au obtenir le meilleur d'eux.

En 1976, THARP et GALLIMORE ont observé 15 séances de ce célèbre coach réparties sur une même saison. Au total 2326 actes d 'enseignement (interventions essentiellement verbales) ont été répertoriées. Leur répartition en pourcentage est indiquée dans le tableau suivant :

INTERVENTIONS

POURCENTAGES

INSTRUCTIONS

58.3

PRESSIONS

12.7

MODELE POSITIF

2.8

MODELE NEGATIF

1.6

ELOGES

6.9

REPRIMANDES

6.6

REINSTRUCTIONS

8.8

RECOMPENSES NON VERBALES

8.8

AUTRES

9.8

ANALYSE DES RESULTATS:

1 - Les comportements d'instructions spécifiant ce que les joueurs doivent faire et la manière de le faire occupent une place considérable. Il ne faut pas avoir peur d'expliquer clairement ce que l'on attend des joueurs, même si cela doit prendre sur le temps d’entraînement. Il faut pour cela regrouper les joueurs et éviter ainsi d’avoir à répéter sans cesse les mêmes consignes.

2 - Les pressions visant à intensifier l'effort viennent en second (elles se sont révélées aussi fréquentes chez les entraîneurs de football américain). Il ne suffit donc pas de faire savoir ce qu'il faut faire mais aussi que les joueurs le fassent à un rythme élevé pour ne pas être perturbés ultérieurement en jeu. Cette rubrique est nettement moins présente lorsqu'il s'agit d’interventions en milieu scolaire.

3 - Les jugements positifs ou négatifs occupent une place très faible (4.4%). Contrairement à ce que certains entraîneurs croient, le joueurs n'ont pas besoin d'un jugement de valeur sur ce qu'ils ont fait mais de nouvelles informations.

4 - Les consignes de relance incitant à recommencer et à se corriger (ré-instructiions : 8.8%) sont souvent utilisées et marquent bien la volonté de dépasser le simple constat descriptif du type "tu as fait cela" pour aller vers de nouvelles prescriptions du type "  reste plus longtemps sur tes appuis ".

5 - Les réprimandes (critiques sont toujours suivies d’éloges (encouragements) ; ces deux types de consignes à tonalité affective s’équilibrent en volume et sont, chacune prises isolément moins importantes que les ré-instructions.

6 - Les récompenses non verbales (gestes, attitudes) occupent une place importante. La recherche de perfection comporte effectivement le risque de donner l'impression de ne jamais être satisfait et il faut veiller à garder une atmosphère positive.

CONCLUSION:

Même si les comportements verbaux ne couvrent qu’une part des interventions de l’entraîneur (rôle de la gestualité de ce dernier et la qualité de son intervention), ils permettent de différencier des entraîneurs d’expertise différente.

Sur le base ces résultats ainsi que sur ceux, comparables observés dans d’autres sports, collectifs, MERTLER (74) et SIEDENTOP (81) ont proposé des programmes de simulation dans la formation des entraîneurs débutants et notamment :

- la diminution du temps d'organisation et de regroupement
- l'augmentation du nombre de ré-instructions et de retours positifs vers les joueurs
- l'augmentation de la participation des joueurs

Mais encore faut-il que les entraîneurs qui interviennent dans ces différents secteurs le fassent en accord avec les exigences techniques pour enclencher un perfectionnement des joueurs dans le sens souhaité.