Dans la plupart des disciplines scolaires enseignées, le canal verbal est le plus utilisé pour transmettre l'information. Dans les activités physiques le rapport corporel entre enseignant (entraîneur) est totalement différent que dans les autres disciplines et il est nécessaire de ne pas se limiter à l'analyse des comportements verbaux (revue Basketball N°584). C'est la raison pour laquelle nous allons cette fois nous situer sur le versant non verbal de la communication. Quels que soient les types de messages à transmettre la part des comportements non verbaux de la communication représente plus de 50% des messages transmis.

Il est d'usage de les séparer en deux grandes catégories:

- les messages communs utilisés partout individu communiquant
- et à l'opposé ceux qui sont spécifiques à la transmission d'informations techniques et tactiques relatifs à des exécutions Motrices.

I. Caractéristiques des messages non spécifiques - ils se divisent en trois catégories :

a) les mimiques tels que les mouvements de tête, les gestes des mains ou des bras qui accompagnent naturellement le discours (gestuelle conversationnelle).

b) les gestes particuliers à l'individu qui caractérisent son état intérieur (se gratter la tête, signes de perplexité ... (appelés gestes autocentrés).

c) les déplacements et zones de communication (appelés par T.E HALL : la proxémique). La distance que ménage un individu avec celui avec lequel il communique est liée à son statut, sa culture, son rôle et aussi le type de message à transmettre. Celle- ci n'est donc pas stéréotypée et révèle aussi un type de relation. Le fait de se rapprocher donne au message une tonalité plus personnelle alors que le fait de s'éloigner exerce l'effet inverse.

II. Rôles des messages non spécifiques

Leurs rôles sont essentiellement relationnels, ils donnent aux messages une touche plus affective qui souligne ou modère le discours et ils peuvent notamment relativiser les interventions de type "pressions", "réprimandes" ... ou inversement par l'intermédiaire de certains gestes, compenser l'effet d'un éloignement momentané de l'entraîneur d'un groupe de joueurs.

IlI. Caractéristiques des gestes spécifiques à l'entraîneur

Ces gestes sont souvent appelés démonstrations et considérés comme des gestes à copier par le joueur. En réalité leur signification est beaucoup plus large et ils comprennent :

- les gestes " reproduction "

Ils visent à reproduire ce qui vient de se faire ou ce que l'on voudrait voir s’approprier par le joueur. La caractéristique majeure de ces gestes n’est pas l’imitation mais permet de souligner, de faire un gros plan, une caricature en modifiant éventuellement le rythme de l’exécution pour faire des arrêts sur image comme le ferait le réalisateur d’un film.

- les gestes " évocations "

Ils ne ressemblent pas aux gestes et actions à exécuter, ils sont là pour évoquer des formes, des positions dans l'espace.

- les gestes " indications "

Ils permettent de préciser des lieux d'impulsion, des positions relatives des appuis, des segments des directions :

" si tu es comme ça, là, pour feinter un adversaire qui est là, ce n'est pas possible" ou encore " les appuis à la largeur des épaules et tchac-tchac, la tête en même temps "

- les gestes " manipulations "

ici l'entraîneur exerce une action sur le corps du joueur pour l'aider à placer certains segments, à guider par exemple sa verticalité dans l'exécution du tir en suspension.

Il est possible aussi d'associer à cette manipulation quelques conseils verbaux du type : "  il faut passer ton coude sous la balle et le monter là ... "

Alors qu'il est admis que les démonstrations intégrales n'exercent qu'un faible effet sur l'apprentissage, il n'en est pas de même pour ce type d'aides gestuelles.

IV. Rôles des gestes spécifiques à l'entraîneur

Leur rôle est essentiellement informationnel et ils sont très importants dans les ré-instructions

(feed-back) et ils sont beaucoup, plus riches que les comportements verbaux pris isolément. Les gestes associés prennent en compte la simultanéité avec l'action alors que le discours n'apporte que des informations en succession. La communication non verbale spécifique (informationnelle) utilise deux canaux d'informations.

- Le canal visuel avec les images.
- Le canal kinesthésique avec les aides physiques, contacts.

Les gestes spécifiques de reproduction, évocation et indication sont surtout faits pour être vus alors que les "gestes manipulation" sont surtout utilisés pour être sentis.

CONCLUSION

Pour la clarté de notre exposé, nous avons dissocié les informations non spécifiques à finalité relationnelle des informations spécifiques à finalité plus informationnelle en sachant bien que dans la pratique ces deux types d'informations sont intimement liées.

1. La capacité à réaliser convenablement les techniques gestuelles est une condition nécessaire mais non suffisante pour constituer des aides à l'apprentissage.

2. Bien que plus informatifs, tous les types de gestes présentés ci-dessus sont en réalité plus difficiles à réaliser que des reproductions techniques parce qu'ils doivent être décomposés puis recomposés par l'entraîneur en mettant l'attention sur un élément qui se veut organisateur du reste de la séquence. Le rythme de la séquence est totalement différent.

3. La finalité du message transmis étant changée, un autre apprentissage est à faire par celui qui ne serait qu'un bon démonstrateur.

4. L'analyse comparative des interventions des entraîneurs de compétence différente (experts ou non) nous révèle des différences importantes entre ceux-ci avec :

- une plus grande variété en qualité des Informations non verbales transmises
- une combinaison subtile en succession et en simultanéité des messages de type relationnel et de type informationnel
- des procédés pédagogiques de communication qui rendent complémentaires les informations verbales et non verbales

5. L'ensemble de procédés utilisés permet d'accéder à une plus grande clarté des informations et par voie de conséquence une appropriation maximum de celles-ci par les joueurs.