La formation pédagogique des entraîneurs
B.Grosgeorge

Basketball n°592

Plusieurs articles publiés antérieurement dans la revue Basketball nous ont présenté les principaux indicateurs qui permettent de discriminer différents niveaux d'expertise et de comprendre quelques données susceptibles d'expliquer leurs conduites.

Avec une approche recoupant tous les travaux portant sur l'évaluation des compétences des enseignants, Linard (1975) a identifié 4 grandes dimensions qui se retrouvent dans tous les systèmes d'évaluation.

- la maîtrise des contenus
- l'organisation du travail
- l'enthousiasme de l'intervenant
- la qualité de la relation

Selon les milieux, ils peuvent être plus ou moins importants (cf.basketball n°591).

I. Comment acquérir ces qualités ?

La formation sur le tas est incontournable et il ne parait pas souhaitable de laisser d'emblée quelqu'un de non initié, en responsabilité totale d'équipe. L'assistanat, est une formule qui a fait ses preuves aux USA et qui est aussi reconnue comme efficace chez nous. Elle entraîne une modification progressive (souvent passive) des comportements avec l'adoption de certains comportements de l'entraîneur en chef. Ce type de formation qui repose exclusivement sur l'expérience présente malgré tout plusieurs inconvénients :

- il demande du temps pour produire des effets
- son efficacité dépend de la qualité du "maître"
- il se trouve quelquefois décalé face aux évolutions des contenus, des pratiques relationnelles actuelles et des méthodes d'entraînement.

II. Les formations plus encadrées

Pour compléter les précédentes, il est souhaitable de participer à des formations dont l'objectif principal est d'accélérer par un chemin identifié l'accès vers une plus grande expertise. Cette formation ne nie pas l'efficacité spontanée de quelques animateurs, elle postule simplement qu'une aide à l'apprentissage est souhaitable.

Dans ce cadre, des objectifs opérationnels de formation identifiés incitent les jeunes entraîneurs à tenter peu à peu de ressembler à leurs modèles. Ceci peut se faire activement et consciemment par des activités d'observation (sur le terrain) systématisées, l'autoscopie (l'entraîneur est filmé et il se revoit sur écran vidéo) et par des procédures de "jeux de rôles".

III. Pour un modèle de formation

Les travaux réalisés par Tanguay pour la fédération Québécoise de volley-ball (conférence INSEP- 1992), nous amènent à concevoir et organiser la formation d'entraîneurs débutants sur le modèle suivant :

- un entraîneur chevronné comme conseiller pour 3 apprentis entraîneurs
- animation d'un demi-effectif d'entraînement (dans les deux premières phases).
- un apprenti-entraîneur dans le rôle d'observateur
- la séance avec les exercices sont proposés par les cadres la veille des entraînements.

Le stage de formation serait à décomposer en trois phases successives liées aux points faibles des entraîneurs :

III.1. Au premier niveau de formation des entraîneurs :

Pour alléger les contraintes qui pèsent sur l'entraîneur, il faut lui présenter les objectifs et les exercices jugés pertinents, compte tenu des joueurs qu'il aura à prendre en mains.

Sa tâche principale consistera à :

- expliquer clairement ce que les joueurs ont à faire (par l'intermédiaire de consignes verbales concises)
- veiller aux procédures utilisées par ces joueurs
- maintenir un niveau d'activité dans l'exercice par différents types de renforcements
- insister sur les éléments clés des exercices

III.2 A un niveau plus avancé , la formation sera centrée sur :

- l'organisation des groupes dans les phases de transition
- l'explication des procédures
- les critères d'observation et d'évaluation
- l'attention portée vers les joueurs et vers le groupe
- l'utilisation d'objets ou de situations simplifiées pour aider les joueurs à mieux cibler leurs objectifs ponctuels d'apprentissage

III.3. Enfin au niveau le plus élevé les objectifs seront de :

- maintenir un niveau de charge physique et mentale suffisantes pour atteindre les objectifs
- détecter les erreurs de réalisation et les hiérarchiser
- formuler des retours d'information mixtes (verbaux et visuels simultanés).
- essayer d’individualiser les tâches selon les joueurs

Si le niveau d'expérience accumulée et la durée de formation le permettent, les apprentis peuvent choisir leurs exercices dans un recueil de fiches pédagogiques ou encore les créer.

L'une des différences majeures entre des apprentis et de experts réside dans le fait que les premiers ont tendance à suivre le rythme du groupe et sont assujettis à lui alors que les experts arrivent plus aisément à maintenir le niveau d'exigence.

Dans de bonnes conditions de formation les apprentis et les superviseurs peuvent être équipés d'émetteurs récepteurs pour dialoguer ensemble pour que les conseillers sachent précisément ce que les apprentis observent et les aider à focaliser leur attention sur les points les plus importants.

Pour qu'un tel modèle de formation soit opérationnel, un pré-requis de familiarisation des apprentis avec les exercices est crucial pour qu'ils ne soient pas débordés par l'ensemble des tâches à gérer en cours d'entraînement (l'équipe d'encadrement pédagogique ne doit pas sous estimer cet aspect).