Le cheminement vers le plus haut niveau
sportif
A chaque âge et à chaque niveau de pratique correspondent des besoins de pratiquant et des objectifs assignés par les entraîneurs différents. Au départ les incitations vers le basket-ball viennent surtout de lentourage (copains, école, parents terrains à proximité...) et progressivement lenvie de jouer et dy prendre du plaisir doit prendre place (voir Basket-ball n°609). Ce décalage initial entre les aspirations des jeunes joueurs et celles des entraîneurs ne doit pas être caché, un bout de chemin doit être fait vers les joueurs, faute de quoi linvestissement de léquipe technique risque dêtre totalement perdu. A linverse nous trouvons des jeunes qui rêvent de NBA en oubliant que le sport est avant tout la recherche de la perfection et que se dépasser exige que lon soit capable de donner beaucoup de soi même. Aux entraîneurs de rappeler que laccès vers le haut niveau est un processus lent qui doit être marqué par latteinte dobjectifs gradués. Actuellement les évaluations sont incertaines et il ny a pas encore pour le basket-ball (comme pour dautres sports) lexistence de configurations daptitudes particulières (exceptée la taille). Ce sont les entraîneurs et les comportements en compétition et le suivi de lévolution des joueurs qui apportent davantage que toutes les mesures réalisées en laboratoire. Un niveau initial élevé ou encore des progrès rapides et spectaculaires ne doit pas faire perdre de vue aux entraîneurs que des progrès, même lents mais surtout réguliers permettent souvent de faire de meilleurs pronostics. Malgré toutes les incertitudes qui planent sur le devenir des performances initiales, selon Bloom (1985), trois grandes phases caractérisent lévolution dune relation à lentraînement qui se concrétise ultérieurement par laccès au plus haut niveau quil soit sportif ou non (musique, scientifique...). 1. La première phase : Elle concerne la nécessité pour lentraîneur de susciter ladhésion et de se préoccuper davantage de la participation plutôt que du résultat immédiat. Les progrès réalisés chez les jeunes doivent avant tout être associés à des expériences affectives positives qui façonneront ensuite une base de procédures et de connaissances susceptibles denclencher des efforts intentionnels venant du joueur lui même. Si précocement il associe que pour réussir, il faut en c - - - - et que cest " marche ou crève ", le jeune " décrochera " rapidement même sil avait un certaines dispositions. Cest limage positive des premiers progrès réalisés par le jeune joueur qui le rend progressivement mordu pour le basket-ball. Ce pré-requis est indispensable, il prépare la seconde phase des transformations. 2. La deuxième phase : Elle se caractérise par la capacité du jeune joueur à accueillir favorablement des critiques perspicaces de lentraîneur. Le joueur devient capable dévaluer ses progrès et la relation avec lentraîneur se caractérise à ce moment par le respect mutuel. A ce niveau lentraîneur veillera à ne pas perdre de vue ce jeune qui, à cause dincidents fortuits (blessures, motivations incidentes...) pourrait le tourner vers dautres activités. Daprès Csikszentmihalyi (1986 et 1993) même à un niveau de perfectionnement assez avancé, les qualités naturelles (talent brut et traits de personnalité qui contribuent à la concentration) sont moins importantes que le rôle des parents et dun environnement agréable caractérisé par : 2.1. la reconnaissance sociale des aptitudes des jeunes La présence de ces différents ingrédients est capitale chez des jeunes qui gravitent autour des sélections nationales de jeunes, elle constitue un préalable favorable pour aborder la phase suivante. 3. La troisième phase : Elle se caractérise par le fait quici le basket domine la vie du joueur et cest à ce moment lui qui à linitiative et qui se déclare prêt à saccorder du temps et faire les efforts requis pour atteindre son but dans un climat de respect élevé envers lentraîneur. Le joueur qui atteint ce niveau de développement devient alors responsable de ses progrès ( ce qui nétait pas le cas à la phase précédente). Daprès Bloom (1985) et Ericsson (1993), 10.000 heures de pratique (près de dix ans dentraînement) sont nécessaires pour atteindre cette phase (il nest donc pas surprenant que les internationaux des catégories jeunes nen soient pas encore là.) Toujours daprès les mêmes auteurs, il semblerait quil y ait une quatrième phase qui demande elle aussi une dizaine dannées de travail pour permettre daller au delà des connaissances admises dans la discipline et apporter en qualité dentraîneur une contribution technique, unique propre à leur discipline. Revenons aux joueurs, lentraînement prolongé, ne garantie pas automatiquement latteinte dune performance exceptionnelle ; la pratique doit incorporer les efforts délibérés de toutes les parties présentes pour améliorer la performance, elle doit se différencier du travail et du jeu pour le plaisir, et nécessite la maîtrise de 3 contraintes : 1. que lenvironnement donne aux
joueurs les ressources matérielles humaines, financières ainsi que le temps suffisant Les aptitudes naturelles sont loin dêtre le facteur décisif daccession à des performances exceptionnelles. Une carrière sportive est le fruit de laboutissement dune évolution qui respecte une chronologie, aux entraîneurs de la respecter aussi pour ne pas avoir des niveaux dexigences décalés par rapport à ce cheminement. Si les entraîneurs ne veulent pas encombrer les structures dentraînement de haut niveau avec des jeunes aux motivations incertaines, ils doivent veiller à ce que les structures dencadrement ou denvironnement jouent pleinement leur rôle auprès de ceux dont les potentialités deviennent progressivement repérables. |