Haute compétition et signesd’une désadaptation de l’athlète

 

d’après C.Carrier repris par B.Grosgeorge

Eléments pour un cursus ...

La compétition sportive sous tend la rivalité qui est structurée par une objectivation quantitative des résultats. Cette exigence a des conséquences sur l’équilibre de l’individu (avec lui même et avec les autres), elle demande un type d’adaptation différent de celui du sportif de type " loisir ". Chez le sportif de haute compétition, cette adaptation se structure autour d’une tension d’insatisfaction, un déséquilibre, un manque qui sont posés a priori.

" Cette tension se complète d’une émotion : la peur, d’un affect : la haine, d’une sensation : la douleur. Ce constat demande en fait, une adaptation globale originale. le champion a des sensations poussées à l’extrême et il est évalué par des mesures ".

Dans un tel contexte, très contraignant, les signes de désadaptation existent, ils sont très stables pour une même personne et demandent donc un suivi personnalisé pour être perçus. Pour les uns ce sera des troubles du sommeil, pour l’autre une angine ou une blessure. Il est très important de repérer les signes globaux d’appel qui sont lancés par l’athlète avant que s’installe une véritable pathologie.

Quels sont les principaux signes avant coureurs d’une désadaptation ?

- Les résultats scolaires : il existe une relation de causalité directe entre la baisse des résultats (surtout en mathématiques) et les difficultés à l’entraînement

- La diminution ou la perte de toute activité motrice spontanée ; le plaisir de mettre en jeu son corps hors du cadre sportif s’est évaporé

L’appréciation spécifique

- maintien d’un état d’éveil excité

La récupération est vécue comme une sorte d’échec (insomnie d’endormissement, instabilité orale, comportements alimentaires anarchiques, entraînements supplémentaires auto organisés et une certaine résistance à la relaxation.

- maintien d’un état douloureux actif

- être persuadé que " l’entraînement efficace doit faire mal "
- se ronger les ongles jusqu’au sang
- avoir constamment la bouche sèche

- déstabilisation accrue par un changement de salle d’entraînement
- envahissement de l’espace de l’entraîneur à qui l’on demande d’être tout
- refus de discussion entre parents et entraîneurs
- incapacité à se faire de nouveaux amis
- évitement de la rivalité par des contre performances (blessures occasionnées par un trouble de la vigilance)
- excès de violence sur le terrain

Les moyens de l’intervention psychologique

Les techniques de préparation mentale elles peuvent être rassemblées autour du contrôle voire de la maîtrise, de l’anticipation psychomotrice, elles renforcent la pensée magique spontanée du sujet (avec tous les risques de manipulation par des injonctions extérieures au sujet).

Différentes techniques d’approches psychologiques (yoga, relaxation, techniques comportementales, sophrologie, imagerie mentale ...) peuvent répondre à un moment de la carrière , à une désadaptation psychomotrice individuelle ou collective. Leur richesse vient de leur variété.

l’accompagnement psychologique

Il s’intéresse à l’étude de la dynamique adaptative et vise à relier l’investissement sportif de haut niveau aux autres investissements de sa vie psychique. Il s’intéresse surtout aux symptômes frontières que sont la douleur, la peur, la capacité à " tuer l’autre ".

Ces deux approches (préparation mentale et soutien psychologique) doivent être complémentaires et synergiques afin que les tensions dans lesquelles les sportifs évoluent soient stimulantes et structurantes.

L’athlète construit son autonomie dans le secret, à l’entraîneur de le respecter , il ne doit pas chercher à savoir mais laisser s’exprimer librement les rituels de préparation ou d’échauffement. Il faut laisser la possibilité aux athlètes de rentrer dans leurs bulles pour s’isoler au bon moment.

Comment l’entraîneur peut il faciliter le saut du champion vers l’inconnu ?

Il faut habituer le cerveau à fonctionner au rythme et aux exigences de la compétition; c’est pour cela que l’entraînement à la compétition, c’est la compétition.

" Les sportifs qui craignent l’éclatement en compétition sont très souvent ceux qui n’ont plus confiance dans leurs corps (après une blessure par exemple) leur inconnu est donc leur doute ! D’ou l’intérêt des entraînements de réassurance visant à renforcer les sensations incontournables (qui résistent) comme les battements cardiaques.