PRÉAMBULE

Depuis l’apparition de la ligne à 3 points (1984), on constate une augmentation des aptitudes physiques des joueurs.

Le tir à 3 points est aujourd’hui un tir « confortable » pour la plupart des joueurs de haut niveau.

Sa rentabilité est sensiblement identique à la rentabilité de l’ensemble des tirs à 2 points.

Après 22 journées de Championnat de France Pro A, l’ensemble des équipes cumule un pourcentage de 48,5% pour l’ensemble des tirs (9357/19364), 53,5% pour les tirs à 2 points (450/841), 36,5% pour les tirs à 3 points (135/369).

La moyenne obtenue est la suivante pour une équipe et pour un match:
T3 = 6/17
T2 = 20,5/38
Total tirs = 26,5/55
Tirer à 36,5% de réussite à 3 points est aussi rentable que de tirer à 53,5% à 2 points.

Si dans les équipes faibles un état apparent de fragilité offensive se traduit par le recours au tir à 3 points, au plus haut niveau cette utilisation peut être recherchée.

L'ÉVOLUTION GÉNÉRALE DU JEU

Dans les années 80, lorsque le ballon était à l’intérieur de la zone restrictive (voir diagramme 1), l’habitude de jeu la plus courante consistait à voir monter un poste haut.
Il résultait de cette action une attaque avec 4 joueurs sur des postes extérieurs (voir diagramme 2).

De nos jours, l’augmentation du volume physique des joueurs et la permissivité de la législation du jeu concernant la règle des 3 secondes a contribué à développer au plus haut niveau de pratique un jeu de réduction de distance. En effet, lorsque le ballon est intérieur, un deuxième joueur vient fixer la défense à l’intérieur de la zone restrictive et laisser toute l’occupation de la ligne à 3 points par trois joueurs (diagrammes 3 et 4).

Les distances obtenues entre chaque joueur sont donc plus importantes.
Une raison fondamentale de l’utilisation du tir à 3 points sera donc guidée par l’intention de tuer des aides défensives, de plus en plus difficiles à réaliser de par la fixation des joueurs à l’intérieur de la zone restrictive ainsi que par la distance à couvrir pour aider efficacement.

Deux autres facteurs prépondérants de l’utilisation du tir à 3 points sont liés:
- à la difficulté pour la défense d’être performante en défense 1c1;
- à la pratique systématique au plus haut niveau du jeu en pick and roll nécessitant quasi obligatoirement la présence d’un troisième défenseur pour contrarier une action offensive à deux joueurs.

LE TIR À 3 POINTS ET LE JEU DE 1c1

Une situation fondamentale à trois joueurs extérieurs peut mettre en évidence les possibilités de tir à 3 points.

Deux exemples peuvent être donnés. Afin de les illustrer, on peut mettre en place une situation 3c3 contre une défense homme à homme. Les attaquants ne pouvant que:
- tirer en lay-up,
- tirer à 3 points.

1er exemple:
Le joueur #2 se situe dans le coin du terrain, côté du drive 1c1 de #1: il est donc le plus loin possible du porteur du ballon (diagramme 5).
Si le défenseur de #2 intervient sur le drive de #1, #2 donnera par une rupture d’alignement 1-déf.2–2 une solution de tir à 3 points (voir diagramme 6).

Si le défenseur de #3 intervient sur le drive de #1, il en est de même pour une solution de tir extérieur offerte pour #3 (voir diagramme 7).
Si les aides défensives ne viennent pas, #1 a l’obligation de jouer 1c1 de la façon la plus agressive possible vers le cercle (voir diagramme 8).

N.B: la position de #2 dans le coin du terrain (diagramme 5) est fondamentale car elle oblige le défenseur de #2 à se tenir dans un espace défensif très bas.
Pendant la fixation en dribble de #1, #2 offrira une solution de réception de passe à 45° dans le cas où le défenseur de #2 retarde son aide. Dans le cas où il intervient tôt sur le drive, #2 jouera en back-door.

2ème exemple:
Sur les débordements en ligne de fond avec rotations défensives:

Au départ du drive de #3, le rôle de #1 et de #2 sera de provoquer éventuellement l’erreur pour les défenseurs de les suivre (voir diagramme 9).
Au cours de l’aide défensive du défenseur de #2 sur le drive de #3, #1 et #2 devront allonger les distances de rotation défensive (voir diagramme 10).
Sur la réception de passe de #1, une action forte de 1c1 devra provoquer une aide défensive décalant un joueur libre à 3 points (voir diagramme 11).

LE TIR À 3 POINTS ET LE JEU INTÉRIEUR

Lorsque le ballon parvient à un joueur en poste bas, il s’agit d’éliminer une possibilité d’aide entre défenseurs de joueurs intérieurs.

Le défenseur de #4 ne peut que suivre son joueur dans son déplacement afin de le contrôler sous le cercle. La mobilisation de #2 du coin du terrain vers le haut doit poser un problème à son défenseur: suivre #2 ou aider sur #5? (voir diagramme 12).
Si le défenseur de #4 vient au double marquage, #5 joue avec #4 (voir diagramme 13).
Si le défenseur de #2 vient au double marquage, #5 joue avec #2 pour un tir à 3 points (voir diagramme 14).

N.B.: #1 et #3 restent côté ballon pour allonger les distances d’éventuelles rotations défensives.

LE TIR À 3 POINTS ET LE PICK AND ROLL

Le pick and roll, dans le cas d’une défense agressive qui cherche à dérouter le dribbleur ou à le trapper, nécessite la présence d’un surnombre défensif (2 attaquants pour 3 défenseurs), voir diagramme 15.
À 5 joueurs, la nécessité immédiate étant de protéger l’accès au panier, les défenseurs des joueurs extérieurs seront sollicités (voir diagramme 16).
#5 sera efficace si dans sa descente vers le panier, il anticipe la rotation du défenseur de #4 en réduisant à son encontre. #4 devra poser un problème au défenseur de #3 par une remontée en poste. #1, par une rotation de passe avec #2, pourra jouer intérieur avec #5 (voir diagramme 17).

Dans le cas de la passe à #4, si son défenseur couvre la descente de #5 et si le défenseur de #3 hésite entre la prise en compte de #4 et de #3, #4 pourra avoir une solution de tir à 3 points (voir diagramme 18).
Dans le cas de la passe à #4, si son défenseur couvre la descente de #5 et si le défenseur de #3 choisit de contrôler la montée en poste de #4, #1 cherchera à jouer avec #3 pour avoir une solution de tir à 3 points ou le drive (voir diagramme 19).

Dans le cas d’une défense où chaque défenseur sur non-porteur du ballon aide et reprend, #1 devra choisir d’effectuer une passe vers un joueur libre. Hormis le tir immédiat possible de #5 sous le cercle, les autres joueurs éventuellement en possession du ballon rechercheront des enchaînements dribble-passe afin de trouver soit une solution soit un tir à 3 points (voir diagramme 20).
N.B.: dans le cas où le défenseur de #1 passe sous le porteur d’écran, cela près de la ligne des 6m25, #1 devra sanctionner cette initiative par une prise de tir à 3 points (voir diagramme 21).

CONCLUSION

Ces exemples, non exhaustifs, montrent combien le tir à 3 points peut être une arme importante du basketball actuel.

Loin d’une idée trop largement répandue d’équipe tirant à 3 points dépourvue de jeu intérieur, au plus haut niveau européen, c’est le travail, la réduction d’espace des joueurs intérieurs qui donnent des solutions larges.

La présence en première intention offensive d’un meneur de jeu très agressif en 1c1 ou dans un pick and roll sollicitant ainsi l’apport d’un défenseur supplémentaire pour le stopper donne de fortes opportunités de tir à 3 points.

Les présences dans ces équipes d’un joueur #1 de très grande qualité ainsi que d’un joueur #5 très puissant sous le cercle multiplie les problèmes défensifs.
Les laisser en situation isolée amène des tirs de près et des fautes, aider pour les stopper c’est s’exposer à des tirs à longue portée des autres joueurs démarqués.

On est là dans la problématique qui risque d’être amplifiée par le recul de la ligne à 3 points, si cette modification vient un jour à être adoptée.